Matériaux et techniques

La marqueterie utilise un grand nombre de bois exotiques (une cinquantaine environ) et joue avec les couleurs et les veines de ces bois. Par exemple, le bois de rose est rosé rayé rouge; l'amarante, violet brun. On a recours à la teinture quand aucun bois ne peut fournir la couleur désirée, le bleu, par exemple. La difficulté pour l'ébéniste est que cette marqueterie doit être appliquée sur une surface galbée.
L'utilisation des laques se généralise. Les laques proviennent du Japon, de Chine, ou sont des laques dites de Coromandel. Leur composition est très chargée, soit or et argent sur fond noir, soit d'une polychromie très riche. La nouveauté est que des vernisseurs français, notamment, les frères Martin, se mettent à fabriquer des laques aux tonalités légères et gaies, imitant les compositions des peintres contemporains, tel Boucher.

Les bronzes gardent leur destination primitive, qui consiste à protéger des frottements et des heurts, les fragiles marqueteries, mais leur emploi est limité : sabots, entrées de serrures, minces objets le long des arêtes.

Structure et décors

Le meuble Louis XV se caractérise par l'absence de lignes droites et par la variété des formes. En effet, un seul souci guide l'ébéniste dans la fabrication du meuble : s'adapter à une société voluptueuse qui n'a d'autre souci que le bien-être. Les sièges épousent, le plus étroitement possible, les formes du corps humain; pour chaque occupation on crée un meuble élégant, léger, maniable, parfaitement adapté à son usage.

Le décor du meuble est constitué essentiellement par de la marqueterie :
a) composition géométrique : soleil, étoiles, pentagones, damiers(1), chevrons(2), cubes(3);
b) cercles, carrés, losanges, rectangles, dans lesquels sont insérés des fleurettes(4), rosaces, quadrilones;
c) composition décorative à base d'ustensiles : théières, tasses, vases, cruches, imités plus ou moins des motifs chinois(5);
 

Histoire du meuble

d) composition décorative à base d'attributs : trophées de chasse, outils de jardinage, trophées de musique(6).
Les ébénistes ont fait preuve d'une virtuosité extraordinaire pour varier les motifs. Les panneaux marquetés sont le plus souvent délimités par deux ou trois volets de bois d'une essence différente ébène, citronnier ou épine-vinette.

Types de meubles

1 / Les sièges


La division du siège disparaît; une seule et même ligne court du pied du siège au sommet du dossier. La moulure du pied est continuée par la moulure de la ceinture. La console et les bras semblent étire faits d'une même pièce. Par souci de confort le siège s'abaisse. La hauteur du sol passe de 0,50 m / 0,45 m à 0,40 m / 0,35 m.
 

Histoire du meuble

On distingue deux grandes catégories de sièges : le siège à la Reine et le siège en Cabriolet.
a) Le fauteuil et la chaise à la Reine(7)
se caractérisent par un dossier plan. Ce sont des sièges plus nobles que les sièges en cabriolet.
b) Le fauteuil et la chaise en Cabriolet(8).
C'est une création de l'époque. Le dossier est arrondi et enveloppe le dos de la personne assise. La hauteur du dossier ne dépasse pas la hauteur des épaules d'une personne assise. Les pieds sont cambrés. L'entretoise disparaît définitivement.

c) La Bergère(9)
C'est un fauteuil qui possède un coussin mobile et dont les accotoirs sont reliés au siège par des joues pleines. Le dossier est plus renversé que dans le simple fauteuil.

d) La Marquise(10) ou tête à tête est une bergère assez large pour que deux personnes puissent y prendre place côte à côte,

e) Le canapé est une sorte de fauteuil élargi où plusieurs personnes peuvent s'asseoir côte à côte.

f) Le fauteuil de bureau(11) est un siège qui a une forme très particulière : le siège présente une demi-lune à l'arrière et un angle arrondi, proéminent, à l'avant. Les pieds sont curieusement disposés : l'un soutient l'angle en saillie, l'autre est situé au milieu du demi-cercle; les deux autres sont à l'aplomb des consoles d'accotoirs. Le dossier suit exactement la forme du siège. Ces sièges sont fréquemment cannés ou recouverts de cuir.

g) Le fauteuil à coiffer se distingue par le dossier qui porte une échancrure en son milieu. Ce genre de siège est souvent canné.

h) La voyeuse ou voyelle se présente sous l'aspect d'une chaise ou d'un fauteuil. On s'agenouille sur le siège très bas et on s'accoude sur une tablette rembourrée, fixée au sommet du dossier pour suivre les jeux de société

i) La Duchesse(12) est une bergère dont le siège est assez profond pour que les jambes d'une personne assise puissent y reposer entièrement (1,15 m à 1,60 m). L'extrémité du siège est pourvu d'un dossier peu élevé. II existe des Duchesses « brisées » où le pied est formé de un ou deux tabourets indépendants.

j) La veilleuse est comparable à la Duchesse, mais elle possède un troisième dossier qui relie le dossier le plus élevé au dossier le plus bas.

Ottomane Turquoise, Paphos sont des sortes de divans dont on a emprunté les noms à l'Orient. Ils se caractérisent par les formes de sièges qui sont soit ovales, soit en haricot.

2 / Les meubles


Armoires(18)
Il existe très peu de meubles en bois massif, sauf quelques belles armoires, qui ont continué à se fabriquer pendant l'époque Louis XVI.
Commodes(13)
Elles ne comportent plus que deux tiroirs séparés ou non par une traverse. Elles reposent sur des pieds élevés et cambrés. La façade et les côtés sont galbés; leur décor est constitué par de la marqueterie ou de la laque. Le plus souvent elles sont recouvertes par une plaque de marbre.
L'encoignure est une variété de commode destinée à etre placée dans l'angle d'une pièce. Elles sont fabriquées par deux.
 

Histoire du meuble

 

Tables
II n'existe pas encore de table de salle à manger, mais par contre, une multitude de petites tables adaptées aux usages les plus divers et qui commencent à envahir les salons et les chambres.
Ce qui caractérise ces tables, sont des tablettes d'entre-jambe à différentes hauteurs, une des tablettes latérales permettant d'agrandir le plateau supérieur. Elles possèdent aussi quelquefois des tiroirs logés sous le plateau. Les variétés des formes défient toute description précise,
a) Table à jeux dont les formes varient selon le jeu auquel elles sont destinées (quadrille, brelan, tri, etc.),

b) La chiffonnière(14) est constituée par un caisson monté sur quatre pieds élevés. Le caisson peut contenir des tiroirs ou peut simplement ètre fermé par un vantail. Ce meuble sert à ranger le travail de couture ou de broderie des dames.

c) Table à écrire, c'est en somme un petit bureau plat qui possède des tirettes de chaque côté pour agrandir le plateau. Le dessus est en cuir ou en marqueterie.

d) La coiffeuse(15), appelée aussi « toilette » est une table dont les trois volets, souvent marquetés, se soulèvent pour découvrir des cases où sont ranqés les objets nécessaires à la coiffure et aux soins de beauté.
Bureaux
a) Le bureau plat est sensiblement identique à celui de l'époque Louis XIV. Son plateau est limité par un bord sinueux et son ornementation s'est allégée(16).

b) Le secrétaire à dos d'âne, dit aussi « Secrétaire en pente », est un meuble de petites dimensions(17).
Un abattant forme un angle de 45° avec le plateau. Une fois ouvert, il offre une tablette pour écrire et des casiers pour ranqer des papiers. C'est un meuble de milieu car sa face postérieure est ornée, soit d'une marqueterie, soit d'un panneau de laque.
II existe des secrétaires à double pente où deux personnes peuvent s'installer vis-à-vis,

c) Le secrétaire à abattants, dit aussi « secrétaire en armoire ». - L'abattant se relève verticalement. La partie inférieure comporte des tiroirs souvent dlsslmulés par deux vantaux. La face postérieure ne présente aucune ornementation car elle est destinée à étre placée le long du mur.