Le meuble de la première Restauration se caractérise par l'éclectisme dans le choix des bois, par la perfection et la variété des techniques mises en oeuvre.

Matériaux et techniques

Les bois sont indifféremment utilisés en massif ou en placage. Les meubles sont encore exécutés à la main, mais les outils sont perfectionnés et permettent de travailler les parties de l'arbre les plus dures (loupe, racines).

Le perfectionnement de l'outillage permet de couper les bois perpendiculairement aux fibres (bois-debout) ou obliquement (semelle) et ainsi de varier les veinages. Pour la méme raison, on commence à utiliser les loupes (excroissances).

L'emploi de l'acajou est concurrencé par les bois clairs indigènes : sycomore, platane, frêne, orme, tuya, buis, érable, citronnier. Les quelques bois exotiques qui sont encore utilisés servent surtout à l'incrustation : amarante, chêne, palissandre, etc.

- La mouluration réapparaît ainsi que la structure décorative.

- La marqueterie est pratiquée avec les bois indigènes : frêne, tuya, buis, etc.

- L'incrustation est utilisée avec une très grande habileté, par exemple, un motif en amarante est incrusté dans un bois clair comme l'érable ou un bois clair comme le citronnier est incrusté dans un bois foncé, le palissandre.

Structure et décors

Les structures sont moins massives, moins rectilignes. Pour certaines parties du meuble il y a retour à la ligne courbe. Des ornements peu variés sont employés avec beaucoup de discrétion.

a) Des éléments empruntés à l'Empire : animaux fabuleux (chimères, griffons, dauphins), mais de moindre dimension et d'usage moins fréquent.

b) La palmette (1) empruntée au Directoire revêt des formes multiples et est utilisée aussi bien pour la mouluration que pour les bronzes.

c) La lyre (2) imitée du Directoire et de l'Empire s'utilise en sculpture et en marqueterie, en bronze d'appliques et aussi dans les piétements de meubles.

d) Les oves, rosaces, perles, feuillages, rinceaux, guirlandes, reprises du XVIIIème siècle se transforment insensiblement et sont très utilisés.

e) Les figures géométriques : carrés, losanges, rectangles, cercles, ellipses, se combinent à l'infini dans les marqueteries comme au XVIIIème siècle.

Types de meubles

1 / Les sièges

Fauteuil

a) Fauteuil à dossier droit(3) plus maniable et plus confortable que sous l'Empire. Le dossier rembourré est soit droit, soit enroulé. Les pieds postérieurs sont en sabre, les pieds intérieurs à section carrée mais incurvés vers l'avant. La console Directoire peut être constituée par un génie ailé, une chimère,etc. Ce type de fauteuil un peu solennel est plus souvent peint en blanc avec rehauts d'or.
b) Fauteuils à dossier incurvé pour emboîter le dos de la personne assise. La traverse supérieure est constituée :
- soit par 2 volutes affrontées, en profil d'arc,
- soit par une traverse arrondie.

Les pieds sont en fuseau ou en balustre. Sous Charles X, ils sont plutôt courbés,
c) Fauteuil gondole (4). II a une très grande vogue. Le dossier épouse étroitement la forme du dos, les accotoirs viennent se raccorder au siège peu élevé, le piétement est souvent muni de roulettes.

Chaises

a) Les chaises, correspondant aux trois types de fauteuils cités, sont d'un usage courant.

b) Chaises à dossier ajouré, très typiques du style.
Le dossier est formé :
- d'un croisillon(5),
- d'une plaque rectangulaire à grilles,
- d'un éventail,
- de deux coquilles renversées et découpées.
La traverse supérieure est croisée en demi-lune pour servir de poignée ou bien un fuseau réunit les deux montants du dossier(6).
Méridienne, Canapé, Ottomane, Causeuse subsistent de l'Ancien Régime. Seule leur ornementation change.
Les divans en forme de haricot, tendus d'étoffe jusqu'à leur soubasssement, annoncent le style Napoléon III.

Lits

a) Lits à montants rectilignes en forme de colonnes, pilastres, etc.
b) Lit-bateau, héritage de l'époque Directoire(7).

2 / Les meubles

Tables

Les tables sont très nombreuses et de formes très variées.
Tables rectangulaires de dimensions très variables. Le piétement peut être constitué soit par quatre pieds tournés soit par des pieds en console, soit par deux lyres réunies par une traverse.
Table à jeu, Table de nuit ou somno, Travailleuse(8), Jardinière, table à coiffer, Psyché sont de dimensions moindres que celles de l'époque précédente et adoptent l'ornementation caractéristique du style.

Guéridons

Ils sont de dimensions très variées et font souvent office de table de salle à manger. Un lourd plateau rond ou à pans coupés repose sur un large bandeau décoré de motifs incrustés. Le piètement est constitué par un fût central et repose sur un lourd socle tripode.

Commodes

a) Commode à trois tiroirs. Le tiroir supérieur est moins haut que les autres. Le piétement est formé par un socle peint ou par des pieds bas et trapus.
b) Commode à vantaux (dite à l'Anglaise). Deux portes peintes et décorées d'incrustations ou de bronzes dissimulent les tiroirs.
c) Chiffonnier ou semainier. II existait timidement sous l'Empire. Il devient un meuble courant sous la Restauration. Plus haut et plus étroit que la commode, il comporte 7 tiroirs d'où son nom «semainier».

Bureaux

Bureau ministre, Bureau cylindre, Secrétaire à abattant(9) subsistent de l'époque précédente, Leur ornementation est conforme à celle de l'époque Restauration.
la table à écrire a tendance à se substituer dans les intérieurs modestes aux trois types de bureaux cités ci-dessus. Le plateau rectangulaire est, en général prolongé par 2 abattants. II repose sur 4 pieds en console ou en «S», soit sur deux Lys ou 2 palmettes reliés par une traverse.

 

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