Un nouvel arsenal choisi par Colbert
La concurrence a du bon. Au milieu du XVIIe siècle, Louis XIV cherche à construire une marine de guerre capable de rivaliser avec les Anglais et les Hollandais. Le royaume ne compte plus en effet que vingt navires, dont seulement trois aptes à prendre la mer… C’est Colbert qui choisit le site de Rochefort comme siège d'un nouvel arsenal destiné à l'armement des vaisseaux construits à Brest. Le projet, très ambitieux, est conçu par l'architecte François Blondel et l'ingénieur militaire Louis Nicolas de Clerville.
Atelier de la célèbre Hermione
Pendant plus de deux cents ans, le lieu devient le fer de lance des opérations maritimes du pays, plus de 350 navires passant dans les ateliers, dont la célèbre Hermione. Le site connaît de nombreux réaménagements et ajouts d’ateliers, notamment liés à l’apparition des navires en métal à vapeur puis ceux à moteur, avant de fermer en 1926 et d’être gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1967, l’inscription aux monuments historiques des bâtiments déployés sur près de 15 000 mètres carrés entraîne leur réhabilitation, et ce, jusqu’en 1988.
Agencements spécifiques
C’est dans l’ancienne armurerie, aux ouvertures symétriques caractéristiques des constructions de garnison, que prend alors place un premier établissement hôtelier, dont Éric Pacaud se porte acquéreur en 2017, avec la double casquette d’hôtelier et de designer avec l’agence Option d’intérieur. Laissé en l’état depuis près de trente ans, il connaît alors une importante chute de fréquentation et son passage sous l’enseigne Mercure doit s’accompagner d’une lourde rénovation pour le redynamiser. « Nous avons souhaité lui redonner son caractère majestueux et célébrer sa riche histoire par la décoration, explique Éric Pacaud. L’hôtel raconte une histoire et fait vivre une expérience unique. L’enjeu était de traiter chaque espace avec un agencement spécifique, comme une escale de voyage. »
Fresques, herbiers et papiers muraux
Les fresques dans la réception, les chambres et le restaurant rappellent ainsi les paysages découverts par des navigateurs emblématiques, comme Duperré, La Pérouse ou Lafayette, dont les portraits ornent certaines pièces. Les murs sont habillés d’anciennes illustrations, croquis, herbiers et fresques surdimensionnées qui répertorient la faune et la flore découvertes à l’occasion de leurs aventures. Les espaces de restauration traduisent l’épopée maritime avec des papiers muraux aux motifs ondulés et se prolongent par une verrière, où les murs bleu turquoise renvoient aux couleurs des océans.
Code couleurs
Par petites touches, des éléments plus contemporains, signés de fabricants comme Resistub Productions, Petite Friture et Pro-Living, réinterprètent cet univers : luminaires en laiton, cadres rouges, cordes de chanvre détournées, assises... Omniprésents, les tons bleu marine, rouge et doré représentent, eux, le code couleur de l’uniforme des officiers de la Marine royale. La concurrence peut bien aller se rhabiller.
Texte Jordi Patillon.
