stand Haworth - Orgatec 2018



De l’objet au projet

Première tendance : « l’objet mobilier » passe presque au second plan, derrière les concepts globaux d’aménagement des espaces. Beaucoup de réflexions et de recherches sur les usages et les nouveaux modes de travail, qui se traduisent par des concepts d’aménagement en lien avec l’organisation du travail. Le meuble, pensé en amont des projets, est parfois intégré à l’architecture même de l’immeuble. Les fabricants simulaient des façades pour montrer comment le mobilier s’intégrait à l’architecture, avec des rangements, supports ou des assises.
 

Activity-based working

Les stands, au lieu d’aligner une succession de mobiliers, étaient aménagés par zone, à la manière d’une entreprise ayant choisi l’activity-based working (ABW) : des lieux pour se concentrer, la zone dédiée au travail collaboratif où les collaborateurs vont pouvoir travailler en mode projet, la place du village pour se rencontrer, échanger, se détendre, l’espace qui favorise la créativité, celui adapté à l’apprentissage …

L’ABW encourage les salariés à s’installer dans l’espace le plus approprié pour la tâche qu’ils ont à accomplir.

L’espace s’adapte donc aux personnes et aux différentes tâches, et non l’inverse. Ce ne sont pas les espaces qui définissent les méthodes de travail, mais ce sont les méthodes de travail qui définissent les espaces.

Les réponses mobilières à ces types d’espaces sont multiples :

  • des boxes, cellules ou bulles, cosy et conviviales, bien isolées sur le plan phonique, pour pouvoir s’isoler et travailler seul ou à plusieurs, assis confortablement dans un environnement calme
  • des « cabines téléphoniques » et des « room in the room », moins conviviales, mais très efficaces en terme acoustique, qui permettent de passer un coup de fil sans être gêné par les collègues du plateau, ni les gêner, mais qui offrent également la possibilité de travailler à 2 ou 4, ou plus encore, dans un lieu clos, mais bien ventilé, isolé du brouhaha ambiant de l’open space, Beaucoup de tables hautes, façon mange-debout, pour se réunir à 4 devant un écran, et favoriser le changement de posture, très recommandé par les ergonomes
  • des espaces réunion ou projet, qui rivalisent d’imagination : avec ou sans table, avec des tables pliantes qui se transforment en tableau d’écriture, avec des compositions originales de canapés et banquettes pour moins de formalisme, et pourquoi pas une installation façon petit amphithêatre
  • des benchs – quand même ! - avec des tables réglables en hauteur. Les rares tables de bureau présentées au salon étaient quasiment toutes réglables en hauteur, ce qui semble devenir la norme. Les casiers à usage individuel remplacent progressivement les caissons mobiles.
  • des espaces informels, destinés à la détente, ressemblent aux lobbies d’hôtel et détrônent les tristes cafétérias d’antan.

     
    stand Genexco, Sorec, Sokoa et Eurosit - Orgatec 2018

Entre home office et outdoor

L’esprit « home office » a littéralement envahi cette édition 2018 : des tables de bureau simples, compactes, dotés de piétements obliques en bois pouvant aussi bien s’intégrer au bureau qu’à la maison. Des poufs, fauteuils, canapés et tables basses comme à la maison et des textures et couleurs qui empruntent aux codes de la décoration. Des sièges visiteurs qui se combinent et se complètent en un joyeux mélange de couleurs, de matériaux et de textures.

Le bois fait son grand retour dans les espaces de travail. Le style scandinave, alliant bois et couleurs pastel (beaucoup de rose), formes douces et arrondies, design simple et épuré, s’est banalisé.

L’aménagement des entreprises balance entre la maison « cocon », tout en douceur et intimité, et la place publique, un lieu ouvert où se retrouver et se réunir, équipée de mobilier parfois issu de collections destinées aux lieux publics (musée, hôtellerie, aéroport). Le mobilier de jardin était très présent cette année. Terrasses, balcons, jardins et espaces extérieurs sont mis à profit par les entreprises pour offrir à leurs salariés un peu de bien-être en  travaillant dehors. Ce mobilier outdoor peut également entrer à l’intérieur, comme le végétal, très sollicité par les collaborateurs qui pénètre à l’intérieur des bureaux : plantes, murs végétaux, arbres au milieu des tables …
 

stand Alki - Orgatec 2018

 

Le Smart Office

Le flex office – plus de bureau attitré – a eu pour conséquence, le développement par les industriels, de sièges sans réglages ou presque (seul subsiste le réglage de la hauteur d’assise), qui s’adaptent automatiquement à tous les utilisateurs et toutes les morphologies.

Dans les espaces partagés  informels,  le « soft seating » intègre toute la connectique nécessaire ( pour son smarphone ou son ordinateur ), voire il devient intelligent avec ses capteurs intégrés dans les sièges, destinés à donner des outils de mesure aux directeurs de l’environnement de travail. Ils peuvent ainsi analyser les usages, mesurer le taux et la durée d’occupation des différents espaces afin de réaménager différemment ces espaces pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs.

Des capteurs dans le siège de bureau, vont, quant à eux, pouvoir rendre des services aux collaborateurs : régler son siège, la lumière ou la température

La technologie se fait discrète, minimaliste mais efficace ; nos données nous suivent partout dans le cloud, et notre téléphone se charge en induction à même le meuble.
 

Flexibilité, agilité, mobilité

Beaucoup de roulettes sous les meubles et sous les cloisons mobiles, afin de les déplacer facilement et reconfigurer aisément l’espace. Dans ces environnements dits « agiles », le mobilier se doit d’être mobile et léger.

Dans les zones de détente ou les espaces informels, le mobilier doit permettre des réunions improvisées ; il doit être modulable tout en optimisant l’espace accordé. Polyvalent, le même meuble peut servir à plusieurs fonctions : table et tableau, acoustique et luminaire, assises et étagères, siège et rangement, etc. L’utilisateur est autorisé à faire preuve de créativité et compose lui-même son environnement de travail : les systèmes se complètent et sont reconfigurables d’un simple clic.


stand Fermob - Orgatec 2018


stand Manade - Orgatec 2018



L’acoustique, première source d’insatisfaction des salariés

Conséquence des open space mal conçus : une demande en produits acoustiques qui explose ! L’acoustique était présente partout : des panneaux acoustiques pour les murs et plafonds, des cloisons mobiles acoustiques, des panneaux de séparation acoustiques sur les plans de travail, des portes acoustiques, de l’éclairage acoustique  et nouveauté cette année : les rideaux acoustiques.
 

Sustainability

Véritable mot d’ordre du salon. Au-delà de la recyclabilité des produits, on a parlé éthique,développement durable et obsolescence programmée. Cette prise de conscience de la fragilité de notre environnement donne des envies de nature au bureau;
e végétal s’invite dans les cloisons et sur les murs, les arbres prennent racine au beau milieu des open space, pour former une véritable jungle urbaine. Le mobilier prend des teintes de forêt amazonienne, une palette de couleurs qui varie du vert sombre au vert tendre.
 

Le mouvement pour la santé

Le mouvement est partout dans les bureaux : dans les postures de travail – assis, debout, assis-debout-  et dans le mobilier qui permet des postures plus dynamiques.

La « maladie du siège » est aujourd’hui bien identifiée. Une position assise prolongée nuit à la santé et peut entraîner des maux de dos chroniques et même des maladies comme le diabète, les maladies cardiaques et l’obésité. « La meilleure assise est toujours la suivante », se plaisent à dire les ergonomes.

Le salarié, même sédentaire, ne reste plus immobile toute la journée face à son écran. Il peut changer d’espace en fonction de son activité, mais aussi bouger à même son poste de travail. La table assis-debout se généralise, et à défaut, certains fabricants proposent des éléments à poser sur le plan de travail, qui transforment n’importe quelle table à hauteur fixe en bureau actif. Les appareils de gymnastique s’intègrent harmonieusement dans les espaces de travail.

Les sièges de travail deviennent très mobiles pour faciliter les micromouvements dans toutes les directions, s'adaptant à chaque utilisateur et renforçant en douceur les muscles du haut du corps. Avec cette nouvelle génération de sièges, l’utilisateur maintient sa position assise par une mobilité constante. Des applications et des capteurs invitent même à se lever et à corriger sa posture. Mais le salarié peut aussi choisir de travailler dans une posture plus décontractée, dans les espaces lounges/détente, avec la généralisation du soft seating, de ses poufs et de ses canapés modulaires. De quoi favoriser la sieste au bureau !